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Sica Silo Bio Ouest : un trait d'union dans la filière bio

La filière bio de Poitou-Charentes se structure et se dote d'un silo. La Sica qui le gère associe les producteurs et certains de leurs clients, transformateurs et distributeurs.

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Le silo se dresse en bordure d'autoroute, ses hautes cellules rivalisant avec les tours de Saint-Jean-d'Angély. Il symbolise toute l'évolution de la filière bio régionale, sa montée en puissance et sa structuration progressive. " Quand nous avons commencé, se souvient Edouard Rousseau, président de la Corab , nous étions un peu aidés par la coopérative de Saint-Jean-d'Angély qui nous prêtait des cellules. " Au fil de la croissance de la filière, d'autres coops de la région ont joué le jeu. " Mais nous avions aussi engagé une réflexion sur la possibilité de nous doter d'une structure de producteurs. Le choix était soit de lancer une activité bio dans une coop existante ou d'en créer une de toutes pièces uniquement bio. "

Un choix stratégique

C'est la seconde option qui a été choisie donnant naissance à la Corab, coopérative autonome centrée sur la collecte et la valorisation des grains et produits bio. La Corab a ensuite passé des accords avec des coops conventionnelles pour leur sous-louer des silos : Sainte-Eanne, Cap-sud (aujourd'hui Coréa), Cac… " Mais on nous laissait un peu les vieux clous ", sourit Edouard Rousseau. Les cellules, le plus souvent à fond plat, n'étaient pas adaptées au triage des céréales bio, ce qui donnait des taux d'impuretés supérieurs aux céréales conventionnelles. " Il faut aussi des silos bien ventilés pour refroidir rapidement les grains et un vide sanitaire pour éliminer les insectes puisque nous ne pouvons pas utiliser d'insecticides sur les céréales stockées. " Les silos existants ont peu à peu été améliorés, d'autres créés. La Corab a investi dans une ligne de triage de grains destinés à l'alimentation humaine. " C'était un choix stratégique. Sur notre territoire, la filière alimentation animale est peu structurée et les éleveurs bio sont souvent sur un haut niveau d'autonomie. Nous avons fait le choix en 2004 de travailler les grains pour la consommation humaine. " Le dernier pas de cette évolution a été franchi avec la création de la Sica Silo Bio Ouest, en 2010, et la construction d'un silo central à Saint-Jean-d'Angély.

Stockage spécifique

Opérationnel dès la récolte 2011, il permet à la fois de réceptionner les productions régionales bio et de répondre aux demandes de la filière alimentaire. Ses spécificités, par rapport à un silo classique, concernent le fond conique des cellules, un outil de triage qui permet de réceptionner deux produits différents simultanément, le système de ventilation qui refroidit les grains plus rapidement pour en assurer une meilleure conservation, et un séchoir à capacité variable. Autour du silo, une réserve foncière a été constituée pour permettre l'installation d'activités de première et deuxième transformation en bio. " A terme, on peut même imaginer un pôle bio, précise Edouard Rousseau. Le projet est en cours. "

Doubler la production

Certains clients de la Corab se sont associés à la Sica. La Corab en est l'actionnaire majoritaire avec 40 % des parts. Les coopératives adhérentes de l'UDCA, présentes dans les quatre départements de Poitou-Charentes , en détiennent 20 %. Ces coops livrent au silo les productions de leurs adhérents convertis au bio. Les 40 % restants se partagent entre les opérateurs de la filière bio : la minoterie Bellot de Saint-Maixent qui moud des farines bio, Léa Nature qui commercialise cosmétiques et alimentaire bio, Céréco, une entreprise bretonne qui floconne les céréales pour des petits déjeuners bio, l'huilerie Bio Planète, le réseau de distribution Biocoop. " La Sica Silo Bio Ouest se veut le trait d'union entre notre métier de producteurs et celui des transformateurs et des distributeurs, souligne Edouard Rousseau. Les produits sont tracés et certifiés. Avec le silo, ils sont impliqués et participent au développement de la filière de manière cohérente. " L'objectif affiché est de doubler la production dans les trois à quatre prochaines années et d'atteindre les 12 000 t collectées.

Myriam Guillemaud

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